École d’architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

Atlas comparé des rez-de-ville : enquête, analyse, représentation

Du rez-de-chaussée au rez-de-ville
La notion de rez-de-ville englobe le rez-de-chaussée des ZAC, des « grands ensembles », des résidences de copropriétés, des lotissements, des maisons individuelles, et également des formes urbaines historiques vacantes et peu évolutives.... Bâtiments, espaces ouverts, publics et privés inclus. Les enjeux sont donc de « faire bouger » les lignes, les villes et leurs principaux acteurs en contribuant à faire muter les regards. Pour cela, associer « formel et informel » nous semble nécessaire pour renouveler nos approches urbaines et architecturales à partir des besoins et usages observés.

Dans l’urbanisme « formel », les rez-de-villes sont extrêmement figés non seulement par l’hyper contrainte des procédures et des normes, mais aussi (ou à cause) de notre regard encore très néo-haussmannien procédant de l’homogénéisation des formes et d’une patrimonialisation rapide qui empêchent évolutions et hétérogénéité des solutions. Le phénomène de la déprise urbaine (avec par exemple la vacance dans les villes moyennes) ou les mutations technologiques (et la vaste transformation en cours de la sphère commerciale) imposent pourtant des évolutions des rez-de-villes.

Du côté de l’urbanisme « informel », phénomène majeur de l’urbanisation du monde, c’est à première vue, l’inverse : les pratiques de l’espace public, les limites entre privé, collectif, commun, ouvert et leurs différentes formes de gestion relèveraient davantage d’un trop plein. Mais c’est aussi le lieu de régulation entre lutte des places, des castes, des genres ou des classes.

Notre conviction c’est qu’en tout cas, à bien y regarder, nous pouvons apprendre des deux. La compréhension du phénomène de l’urbanisme informel a ainsi déjà évolué. Sous la pression des faits (et devant l’incapacité de répondre à la question du logement des plus pauvres, migrants de l’intérieur ou de l’extérieur), nombreux sont ceux qui reconnaissent que l’informalité peut constituer une réponse au « logement social de fait » des plus pauvres. Nous souhaitons remettre en cause une certaine rigidité qui empêche l’évolution, l’appropriation habitante et la vie urbaine dans de nombreux nouveaux quartiers. Il s’agit aussi, de chercher une nouvelle manière de faire du projet.

Projeter et dessiner la ville autrement
Le principe de travail consiste à croiser les éléments objectifs, mesurables, les dynamiques économiques et sociales. Il conjugue relevés, observations et entretiens. L’ensemble de ces enquêtes et observations doivent nous permettre de mieux fonder des projets urbains et architecturaux sur des rez-de-ville plus exibles sur des bases économiques, juridiques, constructives sociales et culturelles plus fondées.

On peut d’ores et déjà énoncer que :
la présence de la voiture (circulation, stationnement, parkings, garages, recharge, etc.), selon les schémas adoptés, permet ou non la cohabitation et l’appropriation de l’espace public
les « bandes d’usages » entre et au-delà des limites strictes entre les espaces publics et privés varient selon les quartiers des villes et les dispositifs de réversibilité projetés
la représentation de ces rez-de-ville est un projet en soi et doit être explorée en y associant l’ensemble des usages. La façon dont sont représenté le bâti, les espaces ouverts, les di érents statuts, les limites, etc. devraient permettre de penser davantage la ville « par le bas » et non vue du ciel. Il est peut-être temps de penser à un plan de Nolli 2.0.
Ce travail d’enquête a duré cinq ans, de Sao Paulo en 2014 à Ahmedabad en 2019 en passant par, Beyrouth, Rabat, Santiago, Singapour et Paris. Cela nous a permis de mettre en place un protocole d’enquête pour regarder et analyser les rez-de-ville. L’ensemble sera restitué dans un dossier de quarante pages « Le droit au rez-de-ville » publié par la revue Urbanisme (n°414, novembre 2019). Fera suite un rendu d’un « Atlas comparé » qui paraîtra à la fin du mois de novembre 2019 et un séminaire de restitution en février 2020 qui amorcera une seconde phase.

Babel 2010
. Babel by night - la ville sans fin par Diane Gobillard
Babel 2011
. Learning from RN3 - 42 km [ ou presque] de publicité par Quentin Deyrimendjan
. Le sentier chinois - rue Sedaine et Popincourt Paris 11e par Anabelle Lauber
Babel 2012
. Babel Market - les marchés forains dans la banlieue parisienne par Thomas Bellouin
. La Goutte d'or - usages de l'espace public et tensions communautaires par Anne Chaperon
. Les ghettos du Marais - idées reçues/images reçues par Pierre Duperray
. Nourrir la ville - MIN Runigs, la machine de l'approvisionnement par Petr Kalivoda
. Le commerce de gros à Aubervilliers par Pei Yun Yu
Babel 2014
. Mutualisations Babel - Les monoprix de Paris par Alice Villatte
Babel 2015
. Badel Zinc - Les cafés du Grand Paris par Adrien Leclerc
Babel 2016
. Livrer Babel - la livraison instantanée dans le Grand Paris par Neila Saida
. Les loges de Babel - habiter et travailler à rez-de-chaussée: les gardiens concierges par Sierra Imma
Babel 2018
. Fitness in Babel - La remise en forme dans le Grand Paris par Jessica Vatonne
. Bab El Paris - La porte, fondement des rez-de-ville par Soraya Boudjenane
. Kebabel - "salade, tomates, oignons", un sandwich révélateur par Marion Le Crom

Informations
La revue d'Urbanisme n°414
en savoir plus

Un protocole d’enquête partagé
Dans le cadre d’une recherche I-Site Exploratoire, un réseau a été établit.
Partenaires :
EAVT : les étudiants du master Métropoles sous la direction de David Mangin et Rémi Ferrand.
Ahmedabad : Iris Algrain, Soraya Boudjenane, Louis Conte, Célia Retaille, Master Métropoles, sous la direction de Rémi Ferrand et David Mangin.
Beyrouth : les étudiants de l’Université américaine de Beyrouth, sous la direction d’Hala Younès.
Cotonou : Armelle Choplin, professeur à l’Université de Genève.
Rabat : les étudiants de l’Université Internationale de Rabat, sous la direction de Mariame Chehbi, Abdellah El Houari, Mohammed Fawzi Zniber, Luca Maricchiolo et Selma Zerhouni.
Santiago : les étudiants de l’Université Diego Portales, sous la direction de Jorge Morales et Ricardo Abuauad.
Sao Paulo : les étudiants de la Faculté d’architecture et d’urbanise de l’Université Presbytérienne Mackenzie, sous la direction de Valter Caldana.
Rovy Pessoa, doctorant, et Joao Sette Whitaker.
Singapour : les étudiants de NUS (l’Université Nationale de Singapour) sous la direction de Heng Chye Kiang.