L'Architecture de la voie. Histoire et théories, Éric Alonzo
La voie est considérée habituellement comme relevant strictement de la sphère technique. Or elle peut aussi être envisagée comme une « architecture ». Illustré par une iconographie abondante et en partie inédite, ce livre montre ainsi comment, depuis l’Antiquité, les chemins, les routes, les rues, les boulevards, les autoroutes et les parkways ont pu être envisagés comme relevant – à la fois – du solide, de l’utile et même du beau. Cette généalogie permet d’expliquer l’origine de la plupart de nos dispositifs routiers actuels – que l’on considère à tort comme spécifiques à l’automobile (échangeurs, ronds-points, routes à péage, voies multimodales, etc.) – inventés au temps des voitures à chevaux, parfois même expérimentés au cœur des jardins à la française ou des parcs pittoresques.
Le prisme de la voie permet alors de révéler, par une série de « coupes en long » qui couvrent de longues périodes (paradigmes de l’édifié, du jardin et du flux), une tradition qui associe étroitement les savoirs et les objets des architectes, des ingénieurs, des paysagistes et des urbanistes, considérés aujourd’hui comme autant de domaines distincts. Cette publication se présente ainsi comme une somme historique, largement inédite, sur une « architecture du territoire » envisagée comme le socle commun des disciplines de l’aménagement.
Enfin, face aux incertitudes qui pèsent aujourd’hui sur le nombre et l’encombrement des futurs véhicules, aussi bien que sur leur vitesse et leur énergie de locomotion, cette redécouverte d’une longue tradition de conception architecturale de la voie, permet à nouveau d’envisager celle-ci non plus comme un objet fonctionnellement surdéterminé – et voué à l’obsolescence technique –, mais comme un élément permanent et constitutif du territoire, à même d’intégrer une somme croissante d’enjeux (environnementaux, sociaux, urbains, esthétiques, etc.) et de se soumettre à des processus de transformation, de réhabilitation, de reconversion et de recyclage que rendent nécessaires les changements actuels et futurs.
Éric Alonzo est architecte et docteur en architecture. Il enseigne à l’École d’architecture de la ville & des territoires Paris-Est où il codirige avec Pierre Alain Trevelot le post-master en urbanisme (DSA d’architecte-urbaniste). Il a publié, en 2005, Du rond-point au giratoire (Parenthèses) et a fondé, avec Sébastien Marot, la publication Marnes, documents d’architecture. Sa thèse a reçu en 2017, l’European Prize Manuel de Solà-Morales.
Table des matières
Introduction Profils en long | |
---|---|
L’invention d’une tradition | 11 |
De la mobilité aux infrastructures | 13 |
L’architecture comme socle commun | 15 |
L’archétype de l’infrastructure | 17 |
Corpus | 19 |
L’âge de l’automobile en question | 20 |
Les trois paradigmes | 21 |
I. L’édifié | |
1. La voie romaine : une architecture sans théorie | |
La spatialité réticulaire des routes romaines | 27 |
Tracé, construction, partition | 28 |
La voie et le monument, la voie comme monument | 32 |
Combinaisons infrastructurelles | 32 |
Le silence vitruvien | 35 |
2. La théorisation albertienne de la voie | |
Le parangon de l’édifice public | 39 |
Necessitas, commoditas | 40 |
Voluptas, de l’ornement à la beauté cinétique | 44 |
3. Histoires et traités des chemins | |
Curiosités léonardiennes | 51 |
L’imagier palladien | 53 |
La pseudo histoire des voies romaines | 56 |
Le premier « traité » des chemins | 65 |
4. Piranèse et la crise du modèle romain | 73 |
Le retour sur l’Antiquité romaine | 76 |
L’ouvrage utilitaire comme modèle théorique | 80 |
La terrifiante beauté de l’infrastructure | 83 |
5. L’art des ingénieurs des Ponts et Chaussées | 89 |
Concevoir et cartographier les routes | 90 |
Enseigner l’art du tracé des voies | 95 |
La science de l’ingénieur comme branche de l’architecture | 99 |
L’ingénieur archéologue | 103 |
II. Le jardin | |
1. Invention et diffusion de l’allée plantée | |
Le Nôtre, fondateur de l’urbanisme ? | 111 |
Les forêts et les jardins classiques comme laboratoire | 113 |
La promenade dans la théorie des jardins réguliers | 117 |
Le jardin comme objet de l’architecture | 121 |
2. L’allée en ville et autres embellissements | |
L’ouverture paysagère des Tuileries | 125 |
L’invention des boulevards | 129 |
Voirie et embellissements | 130 |
L’Ovale suburbain | 132 |
Urbanisation des allées et plantation des voies urbaines | 137 |
3. L’entrelacs pittoresque | |
De la peinture au jardin | 145 |
L’invention du « riding » | 148 |
Routes et carrières : du jardin au paysage | 150 |
Détour par la Chine | 155 |
Remembrer et irriguer la campagne | 158 |
Le pittoresque pragmatique de Repton | 162 |
Rationalités de la voie sinueuse | 163 |
La vue de la voie, la vue depuis la voie | 168 |
Systèmes viaires et ségrégation des flux | 172 |
4. Du jardin public au parkway | 181 |
De Regent’s Park à St James’s Park | 183 |
Promotion du parc public et diffusion de l’héritage pittoresque | 189 |
Le legs de Downing | 192 |
L’écheveau circulatoire de Greensward | 193 |
Les voies du parc à la conquête de la grille | 200 |
La théorie du parkway | 203 |
Brooklyn, Buffalo et Chicago | 208 |
Le collier d’émeraudes : l’aboutissement du modèle | 212 |
Riverside, la voie de desserte pittoresque | 223 |
III. Le flux | |
1. Le tournant scientifique des Lumières | |
La libération du mouvement | 233 |
De Le Nôtre à Newton | 235 |
La place est un grand carrefour | 237 |
La rue machine | 242 |
L’apogée haussmannien | 247 |
Réseaux organiques et conception pittoresque | 252 |
2. L’irruption du mouvement mécanisé | 257 |
Le bouleversement ferroviaire | 258 |
L’invention du bâtiment infrastructure | 263 |
La voie hippomobile à l’ère de la machine | 269 |
Cerdà, l’ingénieur des chemins de fer, inventeur de l’urbanisme | 273 |
Rendre la ville perméable à la locomotion mécanisée | 276 |
L’urbanisme comme science de la « vialité » | 278 |
Modélisation des flux et théorie du croisement | 281 |
Conception scientifique et forme édifiée | 284 |
La Cité linéaire de Soria : le chemin de fer comme voie urbaine | 288 |
3. Circulation et questions artistiques | 295 |
Hénard, architecte Beaux Arts et inventeur technophile | 297 |
Des projets d’infrastructures pour la capitale | 300 |
Théorie de la circulation urbaine dans les grandes villes | 308 |
L’invention du « mouvement continu » | 312 |
De la théorie au projet | 318 |
La beauté des grands carrefours modernes | 321 |
La rue future | 325 |
Un état de l’Art de dessiner les plans | 330 |
Par delà le « formal » et l’« informal » | 334 |
Culs de sac et voies de desserte | 338 |
De la vision du mouvement au mouvement de la vision | 343 |
IV. L’automobile | |
1. La restauration de la route | 355 |
La résurrection des voies ancestrales | 357 |
L’idylle touristique | 363 |
La traversée automobile des villes et des villages | 370 |
Éviter la ville | 373 |
Les premières autoroutes | 378 |
Alwin Seifert : « Heimat » et « Gesamtkunstwerk » | 389 |
Autoroutes et échangeurs Beaux Arts | 404 |
2. Abandon, permanences et redécouvertes | 417 |
Hiérarchisation, éloignement et disparition | 422 |
Le spectacle du réel | 423 |
Règne du flux et idée de la rue | 429 |
Paysages de rue pour espaces piétons | 437 |
Néo pittoresque et « art des relations » | 442 |
« Townscape », « highways » et « visual studies » | 451 |
L’architecture du territoire | 465 |
Le laboratoire barcelonais | 473 |
La voie des paysagistes | 484 |
Conclusion | |
L'avenir piranésien des infrastructures | |
Les apories de l’hybride | 493 |
De l’objet technique à l’objet architectural | 496 |
Obsolescence de la fonction, permanence de la forme | 499 |
Inventions, tradition et modernité | 502 |
Chronologie | 508 |
Index nominum | 510 |
Informations
Broché : 528 pages
Éditeur : Parenthèses / École d’architecture de la ville & des territoires
Langue : Français
ISBN-13: 978-2-86364-313-6
Dimensions : 17 × 24 cm
Design graphique
En vente à l’École (agence comptable) et en librairie au prix public de 34 €.
Place des libraires
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